Madame Grès: The Art of Draping
vue de l'installation de " Madame Grès : The Art of Draping " à Atlanta. Photo : Avec l'aimable autorisation de SCAD
Organisée par le Savannah College of Art and Design en collaboration avec la Fondation Azzedine Alaïa, Paris, et le commissaire Olivier Saillard, l’exposition « The Art of Draping » rend hommage à la légendaire couturière française Madame Grès. Plus de 70 robes et ensembles couvrant six décennies et provenant des archives personnelles du défunt créateur Azzedine Alaïa sont ainsi exposés au public.
Il s’agit de la première rétrospective du travail de Madame Grès aux États-Unis depuis près d’une décennie et demie.
vue de l'installation de " Madame Grès : The Art of Draping " à Atlanta. Photo : Avec l'aimable autorisation de SCAD
« Madame Grès a régné sur la mode avec des lignes épurées, des drapés néoclassiques et une compréhension intemporelle des formes féminines. Ses robes respirent l'élégance et la grâce et transportent la personne qui les porte (et ceux qui ont la chance de les voir) à travers le temps, de la Grèce antique au futur de la mode. Cette exposition exclusive SCAD FASH met en valeur la grandeur et la précision de l'un des créateurs les plus doués au monde et souligne une fois de plus pourquoi SCAD existe à l'épicentre de la mode, de la couture et de la beauté intemporelle. » Paula Wallace - Présidente et fondatrice du SCAD
Dans « The Art of Draping », plus de 70 robes et ensembles de Madame Grès, issus des collections uniques d'Alaïa - amassées principalement en secret - sont présentés au public pour la première fois. Les vêtements exposés datent des années 1930, lorsque Madame Grès créait sous le nom d'Alix, aux années 1980, lorsque ses créations intemporelles étaient encore le sommet de la modernité. La présence importante d'œuvres de Madame Grès dans les archives d'Alaïa témoigne de la passion qu'il avait pour la créatrice, avec laquelle il partageait un don pour la sculpture des formes.
« Silencieuse et secrète, déterminée jusqu’à la réclusion d’une vie toute entière passée à l’atelier, Madame Grès se voulait sculpteur. Elle devient sans aucun doute la plus grande des sculpteurs de tous les couturiers de son époque. En cinq décennies, des années 1930 à la fin des années 1970, Madame Grès, avec l’acharnement des abbesses, s’obstina à édifier une œuvre au-delà des modes éphémères qu’elle regardait avec mépris. Celle qui avouait user jusqu’à trois paires de ciseaux pour chacune de ses collections inventa son métier par l’usage déployé et toujours renouvelé du drapé qu’elle initia et qu’elle éleva au niveau d’un art total.
« Je n’ai rien à dire et tout à montrer. Je ne fais que travailler, travailler, travailler. Quand je ne dors pas, je coupe. Voilà ma vie ».
Ces propos recueillis par quelques biographes ou journalistes décontenancés par si peu de révélations auraient pu tout aussi naturellement valoir d’aveu du couturier Azzedine Alaïa lui-même. La présence en nombre important des œuvres de Madame Grès dans les collections d’archives que Alaïa constitua lui-même atteste de la passion qu’il développa pour celle avec qui il partageait la sculpture des tissus et des formes pour exercice. Plus de 600 modèles haute couture, autant de tirages photographiques d’époque concernant Madame Grès côtoient les maîtres de la haute couture, Balenciaga, Charles James, Madeleine Vionnet, Elsa Schiaparelli, Chanel, Jean Patou notamment dont Alaïa en archiviste et historien éclairé collectionna les vêtements et les costumes aujourd’hui noyau patrimonial précieux de sa Fondation .
Pour la première fois, une sélection de près de 80 robes de jour ou du soir issue de ce fonds unique est présentée au musée Scadfash Atlanta. Les plus anciens modèles datent des années 1930, à l’époque ou Madame Grès signait ses créations sous le nom de Alix, les plus récents datent de la fin des années 1970 à une époque ou les créations intemporelles de Grès rivalisaient encore de modernité malgré les couturiers de nouvelles générations apparus. On y retrouve déjà ses célèbres drapés dits à l’antique qui feront sa renommée et sa gloire pour toutes les décennies suivantes. L’exposition « Madame Grès, the Art of draping » s’appuie sur un choix de modèles blancs, ivoires ou craies qui révèlent la majesté toute hellénique de ses drapés.
Un ensemble de modèles noires drapés ou de volumes coupés démontrent le caractère intemporel des créations de Madame Grès et la persistance de son style devenue écriture personnelle. « je ne créé jamais une robe à partir d’un croquis. Je drape le tissu sur un mannequin, puis j’étudie à fond son caractère et c’est alors que je prends mes ciseaux ». Madame Grès n’excelle pas seulement dans les drapés dont elle a pu donner les versions les plus infinies. Dans les années 1950, elle n’a pas d’égale pour dompter les taffetas et les lainages. Ses robes courtes de cocktail, obliques et profilés, ses robes de jours fluide brillent toute par leur légèreté. Les formes simples, les solutions et les méthodes de coupe érigées en principes esthétiques sont à percevoir dans les ensembles du soir de volume appréhendé et coupé et de dimension généreuse. Ils témoignent également du goût de la couturière pour les vêtements traditionnels aux coupes à plat.
Particulièrement douée pour les tonalités éteintes et étouffées, Madame Grès était une coloriste inventive qui possédait son propre lexique. Un choix de modèles de différentes décades en témoignent également. Marron roux, châtaigne, cannelle, jacinthe, taupe, écaille, bronze, vert de gris, vert amande rouge cassis, jaunes soleils, tous les beiges et les faux blancs, les noirs profonds composent une harmonie chromatique au service de son art. l’exposition habilement mis en scène sous forme d’un théâtre intime les révèlent comme un écrin. » Olivier Saillard - Conservateur et directeur de la Fondation Azzedine Alaïa
Née Germaine Émilie Krebs, Madame Grès (1903-1993) était l'une des couturières françaises les plus appréciées et les plus influentes du XXe siècle. Artiste accomplie, concentrée sur son métier, Madame Grès aspirait à devenir sculpteur. En 1933, rue de Miromesnil à Paris, elle s'associe à la couturière Julie Barton pour ouvrir la Maison Alix Barton, qui devient ensuite la Maison Alix en 1934, rue du Faubourg-Saint-Honoré. En 1942, elle fonde la Maison Grès et installe des showrooms et des ateliers au cœur de Paris, au 1 rue de la Paix. Parmi ses clientes célèbres figurent Greta Garbo, Marlene Dietrich, Maria Casares et Grace Kelly. Contemporaine de Madeleine Vionnet, Coco Chanel et Elsa Schiaparelli, Madame Grès était vénérée pour son utilisation experte du drapé et sa construction innovante de vêtements évoquant le style sensuel de la Grèce antique. Les techniques de drapé et de plissage minimalistes de Madame Grès, ainsi que son attention et son respect pour le corps féminin, ont eu un effet durable sur la haute couture. Ses créations ont inspiré de nombreux designers parmi les plus illustres de la mode, dont Cristóbal Balenciaga, Ralph Rucci, Issey Miyake, Isabel Toledo, entre autres, et Azzedine Alaïa.
«Azzedine Alaïa a collectionné les vêtements de Madame Grès avec passion, patience et résolution durant toute sa vie. Il a toujours gardé ses trésors cachés. Il voulait les préserver pour sa fondation et pour que les générations futures puissent apprendre de son métier. Aujourd'hui, pour la première fois, ces œuvres précieuses sont réunies dans une exposition unique et quitteront la maison d'Azzedine pour rejoindre le SCAD FASH Museum of Fashion + Film à Atlanta. Nous sommes extrêmement reconnaissants de la générosité et de la clairvoyance de Paula Wallace, et nous lui sommes reconnaissants, ainsi qu'à SCAD FASH, d'avoir réalisé l'un des rêves d'Azzedine.» Carla Sozzani - Présidente de la Fondation Azzedine Alaïa
« The Art of Draping » propose une étude détaillée des robes de soirée et de jour, des ensembles sur mesure et des robes de cocktail de Madame Grès, astucieusement mis en scène comme dans un théâtre intime, révélant l'extraordinaire habileté de son drapé et la nature intemporelle de ses créations. L'exposition présente également une sélection de tirages vintage inédits prêtés par la Fondation Azzedine Alaïa et des images rares de Madame Grès prises par le photographe emblématique Horst P. Horst, un artiste de son époque dont la carrière était étroitement liée à la sienne, présentées avec l'aimable autorisation de la succession Horst.
« The Art of Draping » est la troisième exposition du SCAD FASH présentée en collaboration avec la Fondation Azzedine Alaïa, partenaire privilégié des musées de l'université et ressource pour les étudiants.