Dar Alaïa

Il n'y a rien de plus beau et noble que de rester immobile et regarder le ciel. Azzedine Alaïa

Azzedine Alaïa © fondation azzedine alaïa

Perché sur une colline de pins et d’eucalyptus, Sidi Bou Saïd, petit village de maisons blanches aux portes et jalousies bleues, surplombe la cité antique de Carthage et domine la Méditerranée. C’est au sommet de cette colline qu’Azzedine Alaïa fait construire sa maison en 1986 et vient retrouver ses racines.

Il connaît bien Sidi Bou Saïd, s'y rend à chacun de ses séjours tunisois, et séjourne chez ses amis Latifa – rencontrée dans les années 50 à l’école des beaux-arts de Tunis – et Jalel Ben Abdallah son époux, le grand peintre tunisien.

  • Dar Alaïa, sidi bou saïd ph. Sylvie Delpech

  • Dar Alaïa, sidi bou saïd ph. Sylvie Delpech

  • azzedine alaïa © fondation azzedine alaïa

Alaïa retrouve à Sidi Bou Saïd la Tunisie chère à son cœur, celle qui a nourri certaines de ses collections d’une note méditerranéenne : les lignes rappellent les colonnes antiques de Carthage et l’architecture mauresque, les motifs s’inspirent des arabesques, calligraphie arabe et moucharabiés, les robes-chemises sont un clin d’œil à l’habit tunisien et les chemises blanches peut-être à la tenue des sœurs de Notre-Dame-de-Sion qu’il croisait dans son enfance à Tunis.

azzedine alaïa © fondation azzedine alaïa

« Azzedine avait remarqué, jouxtant la propriété de nos amis Latifa et Jalel, un terrain abandonné avec une petite bâtisse en ruine, surplombant la mer, où un paysan laissait son âne paître. Il l’a acheté pour y faire construire sa maison. Or, le village Sidi Bou Saïd était rattaché au site de Carthage, récemment classé au patrimoine mondial de l’UNESCO (1979). Ce classement rendait tout nouveau projet de construction très difficile… Les plans de la maison dessinés par Jalel Ben Abdallah, déjà reconnu comme un des plus grands peintres tunisiens contemporains, ont convaincu tout le monde. » 

La maison dessinée par Jalel Ben Abdallah épouse l’architecture arabo-andalouse du village : une construction cubique dotée d’un petit dôme en toiture, des murs recouverts de chaux, des fenêtres moucharabiés et des persiennes tantôt blanches tantôt bleues, des balcons et une terrasse ornés de balustrades fines en fer forgé, des portes en bois encadrées d’arches en forme de fer à cheval.

  • plan de Dar Alaïa signé par Jalel Ben Abdallah © fondation azzedine alaïa

  • plan de Dar Alaïa par Jalel Ben Abdallah © fondation azzedine alaïa

Un jardin intérieur, à l’abri des regards, adoucit cette austérité toute en blancheur par une végétation luxuriante aux couleurs vives : bougainvilliers flamboyants, fleurs de jasmin, cyprès, palmiers-dattiers et pins s’élèvent au-dessus des toits plats.

Pendant des années, il n'y est allé que très rarement, et il habitait toujours chez Latifa.
La décoration intérieure est très épurée, Azzedine Alaïa n’a jamais eu le temps de la meubler.

Depuis sa disparition, la Fondation Azzedine Alaïa a nommé la Maison « Dar Alaïa » et elle y organise des expositions pour célébrer la mémoire du couturier.

En 2018 « Azzedine Alaïa, la Méditerranée », est une exposition en hommage au couturier inspirée de ses origines tunisiennes à travers une sélection de douze robes extraites de la collection printemps-été 1992. En 2019, la Fondation a présenté la projection du film « Looking for Oum Kulthum » de l’artiste iranienne Shirin Neshat. Azzedine Alaïa était un grand admirateur de la chanteuse et actrice égyptienne Oum Kulthum qu’il avait découverte quand il était enfant, au cinéma Ciné Soir de Tunis.

Au même moment, Dar Alaïa accueillait une exposition, « Black Dresses », qui mettait en scène des robes noires de jeunes créateurs tunisiens en regard de la robe couture qu’Azzedine Alaïa avait faite pour Latifa.

 

Dar Alaïa, sidi bou saïd ph. Sylvie Delpech

Dans certains lieux, il n'y a pas de vraie mesure du temps, mais seulement le jour et la nuit.

Dar Alaïa, sidi bou saïd ph. Sylvie Delpech