Azzedine Alaïa, Peter Lindbergh
Azzedine Alaïa & Linda Spierings, Le Touquet, 1986 @ Peter Lindbergh (courtesy Peter Lindbergh foundation, Paris)
A l’occasion de la première exposition de l’année 2021, la Fondation Azzedine Alaïa est heureuse de célébrer deux talents qui ont écrit une page de l’histoire de la photographie et de la mode.
Les œuvres de Peter Lindbergh et celles d’Azzedine Alaïa sont réunies et conversent dans une communauté d’esprit qui n’a jamais faibli.
Comme des rencontres artistiques qui ont soudé Richard Avedon et Christian Dior ou encore Yves Saint Laurent et Helmut Newton, Peter Lindbergh et Azzedine Alaïa ont trouvé un territoire commun où chacune de leur expression se veut le reflet de l’autre.
Sans mot dire, le photographe et le couturier se sont retrouvés dans l’affection pour le noir qu’ils cultivent de manière égale en tirages argentiques ou en aplats vestimentaires. Lindbergh ne cesse d’appeler le noir et le blanc pour signifier sa recherche d’authenticité des visages qu’il met en lumière. Alaïa puise dans le monochrome des vêtements intemporels, véritables sculptures pour le corps.
Chacun d’eux trouve alors cette impression de réalisme poétique qui magnifie les personnalités avant de satisfaire leur ambition créative.
Azzedine Alaïa, Peter Lindbergh "En miroir" - vidéo Sylvie Delpech
Bien que de géographies opposées, Lindbergh et Alaïa ont cultivé des horizons proches. Originaire de Duisbourg, une ville située en Allemagne qui regarde sans peine les Pays Bas, Peter Lindbergh a été formé à l’École d’Arts Appliqués de Krefeld. L’École d’Azzedine Alaïa est celle des Beaux-Arts au département des sculptures à Tunis où le couturier a grandi. Les façades blanchies à la chaux qui renvoient les ombres profondes de passants ont accompagné la Tunisie d’Alaïa. Les architectures que Duisbourg, ville industrielle et commerciale possède, servent de cadre au photographe autant que les plages néerlandaises qu’il fréquente. Tous deux partagent le goût pour les grands horizons qu’ils soient de méditerranée ou du Nord, où parfois l’usage des noirs en aplats dialoguent en complicité.
Alors que Lindbergh se fait une réputation en Allemagne notamment grâce au magazine Stern, puis installe son studio à Paris en 1978, Alaïa est ce couturier pétri de discrétion dont les techniques sophistiquées s’échangent secrètement entre grandes clientes de haute couture. Bientôt ce garçon allemand épris de photographie noble et ce jeune homme d’origine tunisienne aux ciseaux éclairs écriront les plus beaux chapitres de la mode parisienne et française.
Marie-Sophie Wilson, Paris, 1988 @ Peter Lindbergh (courtesy Peter Lindbergh foundation, Paris)
Naomi Campbell, Paris, 1992 @ Peter Lindbergh (courtesy Peter Lindbergh foundation, Paris)
Avec presque simultanéité, Alaïa devient l’architecte des corps, les révèle et les découvre, Lindbergh les ennoblit en éclairant leur âme et leur personnalité. Pas à pas ils deviennent ces auteurs qui dominent leur discipline respective. Tous deux rejettent les artifices qui divertissent des vrais sujets et c’est sans effort qu’ils se retrouvent au gré de collaborations puissantes.
Comme il en est des plus grands qui feignent de ne pas s’obstiner, la simplicité est leur terrain de jeu. Une plage au Touquet, les rues d’un vieux Paris indiquent des inspirations partagées pour le cinéma en noir et blanc et les panoramas étendus. Les sous pentes de métal d’une salle des machines, les bases de la tour Eiffel illustrent le souvenir d’un paysage industriel allemand chez l’un, renvoient au goût immodéré pour le design fonctionnel et l’architecture chez l’autre.
A travers les visages qu’ils participent à magnifier, ils réalisent leur grande œuvre dans ce rapport étrange des disciplines qui tentent de se faire oublier pour mieux révéler l’autre.
Les vêtements d’Alaïa, selon les vœux du couturier lui-même doivent être les socles des sourires et des regards de celles, icônes et top-modèles qui les portent. Pour Lindbergh qui a construit sa notoriété sur l’image de ces grandes mannequins, seule l’authenticité d’un trait compte. Tous deux auront été les grands artisans passionnés de leurs visages.
« Peu de mots suffisent pour qui sait comprendre » semble s’avouer le couturier et le photographe sur les images instantanées qui les réunissent. Peter Lindbergh et Azzedine Alaïa y conversent avec le silence des clins d'œils qui font des ententes amicales des œuvres destinées.
Azzedine Alaïa & Tina Turner, paris, 1989 @ Peter Lindbergh (courtesy Peter Lindbergh foundation, Paris)
Azzedine Alaïa, Peter Lindbergh - Yann Barthès, Laurent Bon, Ambre Chalumeau, Jonathan Koenig - Quotidien / TMC-TF1
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