Je suis mauvais avec la chronologie. J'ai l'âge des pharaons. Les dates je les ai effacées. Azzedine Alaïa

1935-1949

Je n'aime pas les gens qui oublient d'où ils viennent.

azzedine alaïa,siliana, 1935

Le 26 février 1935, naissance d’Azzedine Ben Alaya à Tunis.

Ses parents, Ismaël et Frida, vivent à Siliana, une petite ville où sa famille cultive le blé, mais Azzedine vit avec sa sœur Hafida et son frère Abdelhamid chez leurs grands-parents, Ali et Manou Bia, à Tunis, où ils sont scolarisés. Sa grand-mère lui donne le goût de la liberté et l’émancipe pour toujours.

À cette époque, Tunis était une ville où les communautés cohabitaient harmonieusement. C'était un mélange très heureux. Je ne connaissais ni le mot "racisme" ni la différence entre les religions.

le souk el lella à tunis, 1940

Mes parents vivaient à Siliana. Ils voulaient que ma sœur Hafida et moi recevions une bonne éducation, donc j'ai été élevé par mes grands-parents à Tunis. Ma grand-mère était libre dans la tête, elle nous a élevés, ma sœur et moi, de la façon la plus incroyable !

Son grand-père lui lit Les Contes des mille et Une Nuits, sauf quand la radio retransmet les récitals d’Oum Kalthoum. Pour les habitants de la ville arabe de Tunis, c’est la fête.

Chaque premier jeudi du mois, nous devions dîner tôt. Nous devions rester calmes, ne pas faire de bruit, car mon grand-père essayait de capter à la radio les ondes venant d'Égypte, car Oum Kalthum chantait. Tous les gens étaient assis par terre, attendant qu'elle chante. Sa voix donnait la chair de poule. C'est la première grande voix que j'ai écoutée dans mon enfance.

Tous les vendredis et samedis, Ali l’amène à la salle de cinéma Ciné-Soir.

Et me voilà assis sur un strapontin, derrière, et je regarde tous les films égyptiens, italiens, français, américains. Je voyais un film quatre fois, carrément les quatre séances l'une après l'autre.

La préfecture de police où Ali travaille étant située près du cinéma, il passe ses week-ends au service des photographies d’identité, où il aide à découper les bords dentelés des portraits.

Mon grand-père était officier de police et travaillait au service des passeports et pièces d'identité. Dès l'âge de 10 ans, les jours où je n'avais pas école, il m'emmenait au travail avec lui, et je passais la journée assis à côté de Mademoiselle Angèle, la fille qui faisait les cartes d'identité. J'aimais particulièrement les photos des italiennes. Elles étaient si belles. Je les collectionnais, je les mettais dans une grande enveloppe, les emportais à la maison, les rangeais par catégorie: les blondes, les brunes… je faisais des étiquettes. Trier ces photos était mon jeu préféré.

grand-père Ali, Tunis 1950. ph. fondation azzedine alaïa

Madame Pineau, une sage-femme française qui avait aidé à mettre au monde le dernier enfant de Manou Bia, lui fait découvrir la mode et la peinture. C’est elle qui l’inscrit à l’école des Beaux-Arts de Tunis, alors qu’il a seulement 15 ans.

Madame Pineau, vers 1950. ph. fondation azzedine alaïa

Le film néo-réaliste italien, Riz Amer sort dans les salles de cinéma. Azzedine Alaïa est bouleversé par l'image de Silvana Mangano et de son short iconique porté dans le film.

Je me souviens aussi de Riz Amer, avec Silvana Mangano. Quel moment! En sortant, j'ai fait comme elle, j'ai retroussé mon short...

silvana mangano dans le film Riz Amer, de Giuseppe de Santis, 1949

1950-1955

Mme Pineau a été très importante pour moi. J'allais chez elle le samedi et le dimanche. C'est elle qui m'a fait entrer à l'école locale des Beaux-Arts, malgré mes quinze ans. Elle est allée voir le professeur et lui a dit : Écoutez, c'est moi qui l'ai mis au monde. Je peux vous assurer qu'il a seize ans. Elle m'a donné des livres sur des peintres majeurs, et je devais copier les peintures. Celui que j'admirais le plus, c'était Vélasquez. Pendant qu'elle était occupée avec une patiente, je lisais les journaux et les livres qui se trouvaient là, les revues médicales qu'elle recevait, le catalogue de La Redoute, des livres d'art.

azzedine alaïa à l'école des Beaux-Arts de Tunis, 1951. ph. fondation azzedine alaïa

Azzedine Alaïa étudie à l’École des Beaux-Arts à Tunis, à l’insu de son père. Il y rencontre Latifa Bach Hamba, qui deviendra sa plus proche et chère amie.

Elle se mariera avec le célèbre peintre Jellal Ben Abdallah, un des plus grands peintres tunisiens, qui dessinera la maison d'Azzedine à Sidi Bou Saïd dans les années 1990.

dessins de jellal ben abdallah de la maison de sidi bou saïd d'azzedine alaïa

portrait d' AZZEDINE ALAÏA par Jellal ben abdallah, 1955

J'avais une amie, Latifa, à la taille extraordinairement fine, dont je me servais comme cobaye. Je cousais directement sur elle des jupes que je serrais au maximum pour voir l'effet.

Latifa, le jour de son mariage avec Jellal ben Abdallah, 1957. ph. fondation azzedine alaïa

Bien que je sois resté peu de temps à l'école des beaux-arts, la sculpture m'a donné une connaissance de l'anatomie. Nous devions faire des moulages en terre glaise et des copies de modèles : des pieds, des mains…J'ai notamment fait un cheval, que j'ai toujours.

CHEVAL EN PLÂTRE RÉALISÉ PAR AZZEDINE ALAÏA À L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS DE TUNIS, 1953

Quand j'ai réalisé que je ne deviendrai pas un grand sculpteur, j'ai changé d'orientation.

Sa sœur Hafida, qui est à l’école des Sœurs de Sion, lui apprend à coudre. C’est avec elle qu’il rencontre Mme Richard, une couturière qui propose à la riche clientèle tunisienne des reproductions des modèles des grands couturiers parisiens. Avec l’argent gagné chez Mme Richard, Azzedine pourra payer ses frais de scolarité à l’école des Beaux-Arts.

Ma sœur était élève à Notre-Dame de Sion. Elle devait faire des échantillons de couture avec différents points– point de Paris, point turc, point de croix, point de surfil… –avant de les mettre en page dans son cahier. Mais elle détestait la couture. C'est donc moi qui faisais son cahier, je repassais les échantillons et je faisais la mise en page. Et du coup, elle avait de bonnes notes !

Hafida, Tunis, 1953. ph. fondation azzedine alaïa

Mme Richard m'a dit qu'il fallait que je consacre tout mon temps à l'apprentissage de la couture.

AZZEDINE ALAÏA AVEC DES AMIES CHEZ MME PINEAU, TUNIS, 1952

Il commence à créer des vêtements pour les amies proches et avant toutes, pour Latifa.

Il rencontre, chez Madame Richard, Habiba Menchari, connue pour ses conférences sur l'émancipation des femmes en Tunisie et sa fille, Leila, qui deviendra la grande amie du couturier. Habiba Menchari l'encourage à partir à Paris, et grâce à une amie tunisienne cliente de Christian Dior, Madame Zeineb Lévy-Despas, lui trouve un stage dans les ateliers de la Maison Dior.

Habiba Menchari a appris ce que je faisais et m'a dit que je devais compléter ma formation à Paris. Et me voilà en train de faire des économies pour pouvoir partir.

1956-1958

Paris, c'est ma drogue.

portrait d'AZZEDINE ALAÏA PAR LEILA MENCHARI, PARIS, 1956

En juin 1956, il s’installe à Paris, pendant la Guerre d’Indépendance de l’Algérie. Il débarque directement de l’aéroport au Champ-de-Mars, chez Madame Lévy-Despas.

Je suis arrivé à Paris à la fin des années cinquante. J'arrivais de Tunisie mais je n'avais pas l'impression d'être dans un pays différent. Je me sentais vraiment chez moi en France.

azzedine alaïa, paris 1956. ph. fondation azzedine alaïa

Et me voilà au pied de la Tour Eiffel avec mon manteau en poil de chameau fait chez un tailleur italien de Tunis, ceinturé, revers...il ne manquait pas d'allure!

azzedine alaïa, paris 1956. ph. fondation azzedine alaïa

J'avais une grande admiration pour Madame Lévy-Despas. Elle venait elle aussi de Tunisie. Elle était toujours très bien habillée, en Dior. Mais quand je suis arrivé chez Dior, elle m'a à peine regardé et ne m'a jamais invité chez elle.

Azzedine Alaïa entre chez Christian Dior le 25 juin 1956. Mais au bout de quatre jours,le 29 juin, il est renvoyé.

J'avais vraiment envie d'apprendre à coudre, à couper, voir comment on fait une robe, percer son mystère.

fiche de contrôle du personnel d'azzedine alaïa chez dior, 26 juin 1956

Il ne trouve pas à se loger et se rapproche de Leila Menchari, la fille de Habiba Menchari, entrée à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1948. Leila Menchari lui trouve une chambre de bonne dans le même immeuble qu’elle, rue Lord-Byron.

Il aide la concierge à livrer le courrier et installe une machine à coudre dans sa chambre pour pouvoir travailler. Il lui fait des vêtements.

Leila m'a aidé à trouver une chambre de bonne, rue Lord-Byron. Là, j'ai aidé la concierge de l'immeuble. Je faisais aussi ses robes. J'étais très heureux et j'ai passé un bon moment !

AZZEDINE ALAÏA ET LEILA MENCHARI sur les Champs-ÉLYSÉES, 1957. COLLECTION PRIVÉE

Il a une lettre de recommandation de Tunis qui lui permet de faire la connaissance de Simone Samama Zehrfuss, une femme de la haute société Tunisienne, mariée à l'architecte Bernard Zehrfuss. Simone l’aide à aménager sa chambre et lui donne des meubles de Charlotte Perriand et Prouvé, des amis proches de la famille.

Je dois beaucoup à madame Zehrfuss, la femme de l'architecte Bernard Zehrfuss. Ils fréquentaient beaucoup de monde, et j'ai rencontré beaucoup de gens chez eux: Prouvé, Calder, Tamayo, César...tous les artistes et architectes de cette époque. Tant de personnes fréquentaient leur salon.

azzedine alaïa et simone zehrfuss, Paris, 1958. ph. fondation azzedine alaïa

Il travaille dans sa chambre de bonne rue Lord-Byron, et fait des vêtements pour Simone Zehrfuss et d'autres femmes de la société parisienne, amies des Zehrfuss. Ces derniers l'emmènent souvent avec eux en vacances. Simone Zehrfuss lui présente Louise de Vilmorin.

Elle m'invitait chez elle à déjeuner le dimanche. Là j'ai rencontré tout ce qui comptait dans le monde artistique et politique.

LOUISE DE VILMORIN, PARIS, 1937. PHOTOGRAPHIE DE HORST P. HORST

Tous les dimanches, il est invité par Louise de Vilmorin dans sa propriété de Verrières-le-Buisson. Il y rencontre André Malraux, René Clair, Orson Welles... Il fera des vêtements pour Louise de Vilmorin. Elle restera son point de référence pour le chic et l’élégance.

Je sortais avec elle partout. Elle avait beaucoup de style. Avec elle, j'ai appris ce qu'étaient l'élégance et le style.

En 1958, Il déménage parc Monceau chez une Italienne, Mme de Mazan, épouse du marquis de Mazan. C'est là qu'un soir à un dîner où il fait le service, il rencontre la Comtesse Nicole de Blégiers.

Le 30 juin 1958 Alaïa rentre dans la Maison du couturier Guy Laroche où Leila Menchari était mannequin-cabine. Il y travaillera pendant trois saisons, jusqu'en novembre 1959.

Guy Laroche était un atelier de couture, donc j'y suis allé pour apprendre la couture.

GUY LAROCHE EN ESSAYAGE AVEC LEILA MENCHARI, DANS SON ATELIER, PARIS, 1958

1959

J'ai eu beaucoup de chance d'avoir rencontré la comtesse de Blégiers. Je dînais avec la bonne et les enfants. Je suis devenu un assez bon baby-sitter, et je faisais ses robes. C'était la fin de la guerre d'Algérie, et c'était très difficile pour un Tunisien de trouver du travail.

Nicole de Blégiers lui offre une chambre chez elle, rue Decamps, où elle vit avec son mari et ses deux enfants. Quand la famille déménage à l'arrivée d'un troisième enfant au 95, avenue Victor-Hugo, il disposera de deux pièces. Dans l’une d’elles, il installe sa table de couturier. Là, tout en s'occupant des trois enfants, il peut travailler. Il habitera quatre ans chez elle.

azzedine alaïa, avenue VICTOR-HUGO, 1959. ph. fondation azzedine alaïa

Il fait des vêtements pour Nicole de Blégiers, et au fur et à mesure que sa réputation de couturier grandit, il est amené à travailler pour de nombreuses femmes de la haute société tunisienne et française, parmi lesquelles Cécile, Lina et Marie-Hélène de Rothschild.

Nicole de Blégiers le laisse souvent organiser des dîners chez elle, quand elle est en vacances avec sa famille.

la comtesse nicole de blégiers avec son fils laurent, 1961

1960-1962

En 1960, Azzedine rencontre Frédéric Somigli, qui coiffe de nombreuses personnalités, de la Callas à Jean Cocteau et qui lui présentera la légendaire actrice Arletty à l'occasion de la pièce L'Étouffe-chrétien de Félicien Marceau au théâtre de la Renaissance. Il commence à lui créer des vêtements dont le fameux paletot rose.

Elle était si simple, si pleine de grandeur, populaire et majestueuse. Arletty incarne la Parisienne.

ARLETTY DANS LE FILM ‘LES VISITEURS DU SOIR’ DE MARCEL CARNÉ, 1942. PH. ALDO PHOTOGRAPHY, GALERIE AU BONHEUR DU JOUR, PARIS

Je suis allé voir Hôtel du Nord au théâtre le Ranelagh, dans le cadre d'une saison Marcel Carné. Je suis sorti totalement bluffé par la voix et le style d'Arletty. Dans le film, elle est si moderne, et elle a une voix que vous n'entendez dans aucun autre pays, cela sonne vraiment français. Mon ami Frédéric Somigli, son coiffeur, nous a présentés.

Entre 1960 et 1962, il voyage en Tunisie, à Sidi Bou Saïd où Latifa et Jellal sont au centre de la vie sociale et de nombreuses fêtes. C'est au cours de l'une d'elles qu'il rencontre Jean Daniel et Claude Perdriel du Nouvel Observateur. Ils font tous les deux partie d'un groupe de journalistes surnommé le "Maghreb Circus" qui s'est formé pendant la guerre d'Algérie. Deux amitiés pour la vie.

LEILA MENCHARI ET AZZEDINE ALAÏA CHEZ JEAN-CLAUDE PASCAL, HAMMAMET, 1966

1963

Il devient l’ami des plus belles mannequins de l’époque. Il se lie d’amitié avec Lison Bonfils, mannequin chez Christian Dior, qui lui présentera Rose-Marie Le Quellec. Il y a aussi Bettina Graziani, qui travaille chez Jacques Fath, dont elle partage la vedette avec Rose-Marie Le Quellec. Il emménage avec cette dernière dans un appartement rue des Marronniers.  Avec Rose-Marie, ils sortent beaucoup le soir et vont en boîte de nuit, souvent chez Régine.

Je suis allé vivre avec Rose-Marie rue des Marronniers. On allait en boîte, on traînait toute la nuit chez Régine.

azzedine alaïa rue des marronniers, 1963. ph. jean-pierre ronzel

À cette époque, les femmes étaient nées mannequins. C'était inné!

ROSE-MARIE LE QUELLEC en Jacques Fath ph. Philippe pottier

Bettina Graziani en Jacques Fath ph. DR

Lison Bonfils ph. DR

Un soir Arletty et Louise de Vilmorin sont toutes les deux venues dîner chez moi. La confrontation de ces deux femmes intelligentes, aux formes d'esprit et aux styles si différents, a été un moment fantastique.

Il organise et fait des dîners, invite beaucoup de monde à sa table. Un soir, Arletty et Louise de Vilmorin viennent toutes les deux dîner chez lui. Sa fameuse cuisine commence à prendre forme.

La même année, il habille Dany Saval, qui joue dans le film de Marcel Carné "Du mouron pour les petits oiseaux."

DANY SAVAL DANS LE FILM "DU MOURON POUR LES PETITS OISEAUX", DE MARCEL CARNÉ, 1963

1964-1966

Grâce à Jean Daniel et Claude Perdriel, il s'installe dans un appartement de 140m2 au 60, rue de Bellechasse, composé d’un salon, d’une chambre-atelier pourvue d’un matelas pour dormir, d’une salle à manger, de deux ateliers, d’une petite cuisine et de deux salles de bains.

Il crée sa maison de couture pour une clientèle privée avec le soutien financier de Simone Zerhfuss.  Pendant vingt ans ce sera son lieu de vie et de travail.

Dès que j'ai eu mon espace rue de Bellechasse, j'ai habillé toutes les femmes les plus célèbres de Paris. Il y avait tout le temps des Rolls Royce, des Bentley et des limousines qui allaient et venaient dans la rue.

azzedine alaïa et leila menchari, rue de bellechasse ph. jean-pierre ronzel

Il changera l'orthographe de son nom de famille qui s'écrira désormais "Alaïa".

ÉTIQUETTE ALAÏA PEINTE À LA MAIN

Il fait l'acquisition de sa première œuvre d'art, une sculpture copte représentant une tête. Celle-ci avait appartenu à la célèbre Comtesse Greffulhe qui inspira à Proust le personnage de  la Duchesse de Guermantes.

tête copte, première moitié du IIème siècle après J-C, collection fondation azzedine alaïa ph. Sylvie Delpech

J'habillais une femme, elle me recommandait à une autre. J'habillais les femmes de Picasso, Mirò, Calder. C'était une chance.

Il part à Rome avec Louise de Vilmorin et les Zerhfuss. Ensemble, ils visitent le Vatican; Il en garde un souvenir inoubliable. Il habille en couture les femmes les plus chics de Paris, comme Madame de Surmont, Cécile de Rothschild, Madame Moreira Saltes, la comtesse Cristiana Brandolini…

Avec Louise de Vilmorin, il y avait beaucoup de choses à apprendre, et intellectuellement, c'était merveilleux. Elle prenait un livre et me le lisait quand on partait en voyage ensemble.

lettre de louise de vilmorin à azzedine alaïa, 1964 collection fondation azzedine alaïa

En 1965, Madame Ida, première d’atelier tailleur qu’il avait connue chez Christian Dior, l’appelle pour qu’il réalise des pièces pour la maison Yves Saint Laurent. Il créera le prototype de la robe Mondrian et fabriquera aussi un certain nombre de robes Mondrian qu’il livre personnellement rue Spontini, chez Yves Saint Laurent.

Dans les années 1960, je travaillais pour d'autres maisons. J'ai fait le prototype de la robe Mondrian de Saint Laurent.

YVES SAINT LAURENT, ROBES MONDRIAN, 1965, COLLECTION FONDATION AZZEDINE ALAÏA. PH. ILVIO GALLO

Azzedine Alaïa est toujours très proche de Simone et Bernard Zehrfuss, qui l’invitent à Venise, à l’hôtel Bauer. Les Zehrfuss lui présentent César et sa femme Rosine Baldaccini.

azzedine alaïa à l'hôtel bauer de venise, 1967

César devient un grand ami d’Azzedine Alaïa, ils passent des heures à cuisiner de grands dîners. C’est lors d’un de ces dîners que naît l’idée d’une collaboration pour une collection « impressions compressions » qui sera réalisée quelques années plus tard, en 1985.

César était un vrai ami, nous parlions de tout, nous cuisinions ensemble, nous échangions des recettes.

AZZEDINE ALAÏA ET CÉSAR, PARIS, 1985

1967

Tous les jours, j'écoute Oum Kalthoum. Elle a donné sa dimension à la chanson arabe.

Il assiste au concert d’Oum Kalthoum, à l'Olympia de Paris. À la fin du concert il aura la chance unique d'aller la saluer dans sa loge. Très ému de rencontrer le mythe de son enfance, il en gardera un souvenir émerveillé qui le marquera.

OUM KALTHOUM en concert À L’OLYMPIA DE PARIS LE 14 NOVEMBRE 1967. KEYSTONE-FRANCE / GAMMA-KEYSTONE VIA GETTY IMAGES

1968-1970

Après 1968, il y a eu un changement de mentalité, l'esprit de l'époque a changé. Il n'y avait plus ce sens des choses de la haute couture. Les femmes voulaient des robes plus simples, c'était un peu plus ennuyeux. J'ai décidé de modifier mon concept. Je devais faire quelque chose.

Le mouvement contestataire de 1968 apporte un nouveau souffle. Les mentalités changent et la mode aussi. La haute couture n’est plus d’actualité chez les femmes. Les Bentleys ne se garent plus rue de Bellechasse. Azzedine Alaïa comprend qu’il lui faut changer son concept de la mode.

AZZEDINE ALAÏA EN SÉANCE PHOTO AVEC UN MANEQUIN, PARIS, 1968. PH. JEAN-PIERRE RONZEL

À la fin des années soixante, j'avais dix-huit ouvrières et deux secondes d'atelier qui avaient travaillé pour Balenciaga avant qu'il ne ferme sa maison.

Balenciaga, considérant l’arrivée du prêt-à-porter comme la fin de la mode telle qu’il la conçoit, décide de fermer sa maison. Une couturière qui travaille dans l’atelier d’Alaïa l’emmène chez Balenciaga pour acheter des pièces, afin d’utiliser les tissus pour ses propres créations. Il décide alors de sauver des robes du grand couturier en les acquérant. Ce patrimoine vulnérable de la mode est une révélation pour lui... Il commence sa collection des maîtres de la mode.

J'ai récupéré certaines de ses créations après la fermeture de la maison : la directrice de Balenciaga, qui était la tante de l'une de mes vendeuses, m'a proposé de venir voir ce qu'il y avait et m'a dit qu'elle me ferait des prix. Je suis rentré chez moi avec deux sacs pleins. C'est comme ça que j'ai commencé à collectionner des créations de mode.

La complicité avec Louise de Vilmorin cesse avec la mort de cette dernière le 26 décembre 1969. Ils ont partagé une foule d’extravagances et de rêves, sa disparition le marque profondément, c’est la fin d’une période importante de sa vie, dont il parlera toujours.

René Clair lui présente Claudette Colbert, dont les films seront une source d’inspiration pour de nombreuses collections.

claudette colbert dans le film "Le signe de la Croix" Cecil b. demille, 1932

En 1970, il aide la styliste Christiane Bailly en lui montant des toiles. Elle est mariée à l'architecte Lucio Stinco, un ami avec qui il avait étudié à l'école des Beaux-Arts de Tunis.

Azzedine Alaïa est toujours très proche d’Arletty, qui l’invite à passer des vacances à Belle-Île-en-Mer, où elle possède une petite maison de pêcheur.

Elle m'a invité deux fois dans sa maison de Belle-île. On se baladait, on faisait la cuisine, elle me racontait des histoires de cinéma. On parlait de tout. L'influence est là. J'adorais sa façon de s'habiller, ses tailleurs en tussor ou en lamé, qu'elle portait nue sous sa veste ou avec un justaucorps de chez Repetto. C'est elle qui m'a donné l'idée de faire des bodys moulants. Elle remontait la jupe de son tailleur avec une épingle pour en changer l'ampleur. Je me disais en la regardant : « C'est ça, le chic parisien. »

ARLETTY DEVANT SA MAISON, BELLE-ÎLE-EN-MER, 1950. ph. Dr.

Il embauche Ibrahima Soumaré. Il lui dédie une chambre de bonne dans l’immeuble qu’il occupe rue de Bellechasse. Soumaré s’occupe de tout, le ménage, la cuisine, les livraisons, le repassage… Il restera auprès d’Azzedine Alaïa tout au long de sa vie, essentiellement comme cuisinier.

Soumaré est comme un frère pour moi.

ibrahima soumaré et azzedine alaïa, rue du parc royal, 1971. ph. fondation azzedine alaïa

1971-1978

Avant, la mode était réservée aux femmes, aux salons... Maintenant, la mode est dans la rue, pour la rue.

En mars 1971, il est admis comme membre de la Chambre Syndicale de la Couture parisienne.

LETTRE DE LA CHAMBRE SYNDICALE DE LA COUTURE PARISIENNE, 1971

Cécile de Rothschild, une de ses fidèles clientes, lui présente Greta Garbo.

Il y avait Garbo, assise là, dans un grand col roulé avec les manches rabattues vers le bas de façon à ce que vous ne puissiez voir ses mains. J'ai regardé ses yeux, son nez, ses paupières...Incroyable. Elle était vraiment, absolument, magnifique. Elle m'a demandé de lui faire un grand manteau, large, comme un manteau militaire, et en bleu. Elle avait son propre style. Je lui ai fait des pulls en jersey, des pantalons droits ajustés, des chaussures plates et trois gros pardessus.

greta garbo, 1946. photographiée par Cecil Beaton

La « Divine » lui passe plusieurs commandes, dont celle de manteaux qu’elle voulait amples et masculins.

Il travaille sur plusieurs collections de la styliste Christiane Bailly.

AZZEDINE ALAÏA, MANTEAU EN JERSEY DE LAINE TAUPE, COUTURE POUR GRETA GARBO, 1972. PH. ILVIO GALLO

Il voyage avec Leila Menchari à Hammamet, où les Zehrfuss possèdent également une maison.

En 1976, le premier article consacré à son travail paraît, sous le titre « Le Tunisien qui fait la mode à Paris ». Il réalise des robes perforées pour la collection de Pennel et Flipo.

azzedine alaïa dans son atelier, rue de Bellechasse, 1976. Photographie de Brigitte Muus, SIPA PRESS.

Grâce à Jean Daniel, il fait la connaissance d’Edgar Morin et se lie d’amitié avec sa femme, Johanne Harrelle, actrice et mannequin Canadienne. C’est elle qui lui offre son chien Patapouf. Après Patapouf il y aura Wabo et Barouf.

JOHANNE HARRELLE et azzedine alaïa, paris, 1978 ph. DR.

azzedine alaïa avec ses chiens ph. fondation azzedine alaïa

Entre 1976 et 1979, il travaille pour différentes marques de fourrure, telles que Robert Sack, Panther's Club. Il devient proche de Paul et Christian Imbert, avec lesquels il va faire des chefs-d’œuvre pour les fourrures de La Madeleine.

 

1979

Il est toujours très proche de Lison Bonfils, devenue styliste de mode. Elle est mariée au fils d’Alain Bernardin, et c’est grâce à elle qu’il signe les costumes des danseuses du Crazy Horse, le célèbre cabaret parisien.

LISON BONFILS, PARIS, 1984. PH. FRÉDÉRIQUE VEYSSET

C'étaient des costumes de scène dans lesquels les filles bougeaient et qui devaient pouvoir s'enlever très rapidement...Alain Bernardin n'arrêtait pas de me dire que "le derrière" était toujours plus important que le buste dans le spectacle. Et donc j'ai fait les vêtements en conséquence, faciles à enlever.

AZZEDINE ALAÏA EN ESSAYAGE AU CRAZY HORSE DE PARIS, 1980. photographie publiée dans le International Herald Tribune.

Lilou Grumbach Marquand lui présente Thierry Mugler. C'est le début d'une grande amitié.  Ils partent plusieurs fois passer des vacances à Sidi Bou Saïd chez Latifa Ben Abdallah, ou à Hammamet chez Leila Menchari. Mugler accompagne les journalistes les plus en vue déjeuner rue de Bellechasse, comme Francine Crescent, du Vogue France.

Thierry Mugler a été le premier à s'intéresser à mon travail. Il m'a présenté beaucoup de journalistes.

THIERRY MUGLER DANS SON atelier, PARIS, 1979. ph. DR.

Avec Thierry Mugler, il rencontre Melka Treanton, journaliste de Depeche Mode, qui travaille aussi pour Courtelle. Il fait pour eux des manteaux et des cirés noirs. Melka Treanton fera plusieurs sujets sur son travail.

C'est Melka qui m'a poussé à fonder ma marque.

veronica webb et melka treanton, paris 1991. photographiées par Bruce Weber

Thierry Mugler lui demande de créer des tailleurs smoking pour sa collection Automne-Hiver 1979-1980 "Futures  Spirales". Il y travaille avec Izet Curi, qui le rejoindra ensuite rue de Bellechasse, dans son atelier.

Thierry Mugler le remercie dans son dossier de presse: "Merci à mon ami Alaïa, pour m’avoir aidé à confectionner la série des smokings."

La mannequin Alva Chinn lui présente Hamid Bechari, qui lui présentera à so tour Julian Schnabel, une nouvelle amitié qui durera toute la vie.

Hamid bechari et Azzedine Alaïa, 1981

Christiane Bailly lui présente un jour Marie Rucki, qui dirige le Studio Berçot. Ensemble ils vont travailler pour une collection de Jacques Heim, et resteront amis leur vie durant.

Avec Marie, je parle au téléphone une ou deux heures par jour, tous les jours.

marie rucki, 1989. ph. mathew rolston

Charles Jourdan lui demande une collection de prêt-à porter cuir. Il crée des robes avec des œillets, des bérets, des gants, des jupes. Lison Bonfils l’aide pour la maille, fabriquée en Italie dans l’usine Maglificio Miles de Silvia Bocchese, qui travaille pour plusieurs maisons françaises dont Yves Saint Laurent, Céline, Chloé.

Silvia Bocchese collabore avec Azzedine Alaïa dès sa première collection, en 1979.

Lison Bonfils m'a emmené chez une fabricante italienne de maille avec laquelle j'ai fait quelques pièces pour ce défilé. Un pull blanc, des pulls noirs, une robe taupe. Je ne savais pas ce qu'allaient donner les fils qu'elle me montrait. Nous avons d'abord fait des essais. La technicienne faisait un point et après un autre. Je regardais le résultat, puis je lui demandais de faire un peu plus serré.

SILVIA BOCCHESE, CAPRI, 1986

La collection est refusée par Jourdan, qui la considère comme trop provocante pour sa marque, mais Alaïa garde toutes les pièces, qui deviendront emblématiques de son travail.

Charles Jourdan cherchait quelqu'un pour faire une collection de prêt-à-porter. Je n'avais aucune idée par quel bout commencer ou finir pour une faire une chose pareille. Mais j'ai pensé qu'il fallait que je le fasse de toute manière. J'avais des robes en cuir avec des œillets depuis 1976. Quand ils ont vu la collection, ils ont crié, ils m'ont dit que c'était sado-maso !

PHOTOGRAPHIE D’OLIVIERO TOSCANI PUBLIÉE DANS ELLE, 1981

En octobre, Michel Cressole, célèbre journaliste de Libération, lui consacre son premier article important. C'est un double portrait, incluant Azzedine Alaïa et Serge Lutens, "Deux solitaires à la recherche de la mode retrouvée". Marie Rucki les présente l'un à l'autre. Les deux hommes se lient d'amitié.

Serge m'a appelé, on a beaucoup parlé. Il m'a dit qu'il allait m'aider à créer un nouveau parfum.

SERGE LUTENS, 1972. PHOTOGRAPHIE PUBLIÉE DANS LE MONDe

Il fait la connaissance d'Andrée Putman, qui le soutiendra toujours.

Il continue son travail de couturier.

andrée putman, 1982. photographiée par Serge Lutens

On avait une machine pour faire les œillets dans les ceintures, et je l'utilisais sur une pièce de tissu pour en tester la résistance. J'ai trouvé que ça donnait au tissu une belle allure et que ça le faisait bien bouger. J'ai fait cette robe pour une cliente, Madame Moreira Salles. Ensuite elle a trouvé que la robe était trop dure à porter avec ces rivets.  Donc on lui a fait une robe fourreau à la place. Mais la robe est restée, et j'ai fini par la garder.

azzedine alaïa, robe en cuir ET OEILLETS MÉTALLIQUES, 1981. ph. DR.

Ayant conservé toutes les pièces faites pour Charles Jourdan, il les montre à Rosine Baldaccini, l'épouse de César qui lui présente Nicole Crassat, rédactrice en chef mode du magazine Elle. Elle deviendra son plus grand soutien.

Lison Bonfils lui présente le photographe Gilles Bensimon, ils ne se quitteront jamais.

Avec Gilles, j'ai connu les femmes les plus belles du monde.

GILLES BENSIMON PH. PABLO ENCINIAS

En novembre, un long manteau de fourrure noir créé par Alaïa pour Panthère Club est à l'honneur dans un éditorial signé Nicole Crassat. Le même mois, les pièces d' Alaïa paraissent dans Elle, avec des illustrations de Hazel Gomes.

illustrations de hazel gomes publiées dans Elle ph. DR.

Nicole Crassat accompagne Carlyne Cerf de Dudzeele rue de Bellechasse. C’est le coup de foudre. À partir de ce jour, ils seront amis pour la vie. Carlyne le surnomme affectueusement « Dindin ». 

CARLYNE CERF DE DUDZEELE ET AZZEDINE ALAÏA, PARIS, 1993. ph. Dr

Nicole avait vu, rue de Bellechasse quelques vêtements que j'avais fait pour Charles Jourdan. Elle a publié les premières photos de mes modèles dans le magazine Elle. Les rédactrices m'ont demandé de leur prêter ces vêtements pour qu'elles puissent les porter durant la présentation des collections.

Christiane Bailly présente à Azzedine Alaïa celle qui deviendra sa muse et amie, Zuleika Ponsen, qui avait déjà travaillé pour Thierry Mugler.

Pendant des années et des années, j'ai fait tous mes essayages avec Zuleika. Elle m'a inspiré.

ÉRIC SARTORI, AZZEDINE ALAÏA ET ZULEIKA PONSEN, 1982. PH. PAMELA HANSON

1980-1981

La styliste Françoise Ha Van, lui présente en 1980 Carla Sozzani, directrice des numéros spéciaux de Vogue Italia. C’est le début d’une amitié pour la vie.

Dans les années quatre-vingt, j'ai rencontré Carla Sozzani, une femme étonnante qui m'a accompagné dans toute la suite de ma carrière.

azzedine ALAÏA ET CARLA SOZZANI À PORTOFINO, 1981

Elle est comme ma sœur. Notre relation est très spéciale. Elle a tellement d'énergie. Elle est positive et optimiste. Forte et douce à la fois. Et si élégante. Je ne connais personne comme elle, et pourtant j'ai rencontré les rédacteurs, tous les stylistes, tout le monde…Mais personne comme elle. Jamais.

AZZEDINE ALAÏA ET CARLA SOZZANI PHOTOGRAPHIE DE RENÉ & RADKA PUBLIÉE DANS WALLPAPER*, 2012

À l’initiative de Nicole Crassat, les manteaux de fourrure Alaïa, conçus pour les marques Panthère Club et Robert Sack, sont photographiés dans le magazine Elle sous le titre « Rêves de fourrures ».

Désormais, les rédactrices de mode s'habillent toutes en Alaïa. Aux défilés de l'automne 1981, Nicole Crassat et Carlyne Cerf de Dudzeele portent du Alaïa et sont photographiées par Bill Cunningham, du Women’s Wear Daily, qui écrit le 23 novembre 1981 qu’un « styliste inconnu est en train de rhabiller les femmes dans des vêtements conçus pour mettre en valeur leurs courbes ». Alaïa dira toujours que c’est grâce à Bill Cunningham qu’il a été connu aux États-Unis.

Nicole Crassat avait un tailleur de cuir, Brigitte Langevin une robe zippée, et Carlyne Cerf de Dudzeele une robe en jersey ainsi qu'une ceinture drapée en cuir clouté. La styliste Lison Bonfils portait quant à elle une jupe de mousseline perforée et des gants à œillets.

Carlyne Cerf de Dudzeele et Nicole Crassat en alaïa, 1982. photographiées par Bill Cunningham

Bill Cunningham les a photographiées dans la rue et pendant la soirée organisée au Palace.

La première parution dans Elle uniquement consacrée à Azzedine Alaïa et réalisée par Nicole Crassat est publiée sous le titre "Un provocateur de séduction".

"un provocateur de séduction" article publié dans Elle, 1981

Claude Brouet, rédactrice en chef de Marie Claire, s’intéresse à son travail. Des pages de photographies signées Paolo Roversi paraissent dans le journal.

claude brouet et nicole crassat, 1982. ph. jack garofalo

Éric Sartori devient assistant à la création d’Azzedine Alaïa, et restera à son côté jusqu’en 1995.

En novembre 1981, Carla Sozzani consacre à Alaïa un sujet de plusieurs pages dans le Vogue Italia Pelle. Ce sera le premier d’une longue série. Arthur Elgort et Azzedine Alaïa se rendront à Portofino pour un autre sujet de Vogue Italia Pelle.

Deidre MCGUIRE portant une Cape et des gants en cuir avec œillets, Azzedine Alaïa, 1981. photographie de gilles tapie publiée dans Vogue Italia pelle.

Mirabelle Saint-Marie, la directrice commerciale de Thierry Mugler, rejoint Azzedine Alaïa pour l’aider à lancer sa maison. Grâce à elle, la Maison Alaïa et son développement commercial prennent forme.

Mirabelle a construit la Maison avec moi.

AZZEDINE ALAÏA ET MIRABELLE SAINT-MARIE, 1989

Séduite par les photos de Bill Cunningham publiées dans WWD, Dawn Mello, directrice du grand magasin Bergdorf Goodman, propose à Azzedine Alaïa de faire un défilé à New York. Quand Thierry Mugler lui annonce la nouvelle, il n’y croit pas. Thierry Mugler insiste, l’encourage à accepter.

Bergdorf Goodman m'a envoyé une lettre pour me proposer de venir défiler à New York. J'ai cru que Thierry Mugler me faisait une blague… Je n'avais que dix modèles. Bergdorf Goodman m'a ensuite envoyé un télégramme, auquel je n'ai pas répondu non plus.

Il travaille avec acharnement pendant deux mois pour préparer la collection. Thierry Mugler lui donne les noms des plus beaux mannequins de New York et l’aide à faire les castings. Maud Frizon fait pour lui les chaussures. Lison Bonfils l’aide pour la maille et Silvia Bocchese fabrique les premiers vêtements qui deviendront un symbole Alaïa.

Par la suite, ils travailleront toujours ensemble sur les collections de maille, en créant des fils nouveaux avec Giuliano Coppini, fondateur de Lineapiù.

1982

En septembre, Azzedine Alaïa défile à New York, dans les salles de Bergdorf Goodman. Il est aidé par Thierry Mugler dans les coulisses et pour la traduction des interviews de presse. Nicole Crassat, Paloma Picasso, Andrée Putman et Andy Warhol y assistent.

Il dédie la collection à Arletty.

Publicité Bergdorf Goodman pour le défilé Azzedine Alaïa, New York, septembre 1982

J'ai fait une silhouette parisienne. Que des robes en jersey noir, pas de bijoux, pas d'accessoires. Une collection vierge de toute décoration, comme est et dit Arletty! A ma grande surprise, le défilé a eu beaucoup de succès.

Azzedine alaïa avec patapouf, nicole crassat, dawn mello, mirabelle saint-marie, andrée putman, maud frizon et thierry mugler. page publiée dans le Women's wear daily, 10 septembre 1982. ph. marianne barcellona

Avec Thierry Mugler, ils sortent souvent le soir au Palace, lieu des soirées mythiques du Tout-Paris, où il rencontre Sylvie Grumbach, une autre amitié pour la vie.

Azzedine Alaïa fait la connaissance de Prosper Assouline, qui présente un grand sujet sur lui dans Le Palace Magazine. Il sera le parrain de ses enfants.

Après le défilé de New York, des commandes énormes sont arrivées. Nous avons alors eu les moyens de faire davantage que des échantillons.

AZZEDINE ALAÏA DANS SON ATELIER, RUE DE BELLECHASSE. ROBE EN MOUSSELINE PLISSÉE AVEC TABLIER EN CUIR, COUTURE AUTOMNE-HIVER 1980-1981. PHOTOGRAPHIE DE PETER KNAPP, 1982

La nouvelle période Alaïa commence. L’année suivante, il fondera sa marque, Alaïa.

1983

Grâce à l'agence Mafia de Maïmé Arnodin et Denise Fayolle, il fait une petite collection pour les 3 Suisses, la première enseigne à permettre  à un large public d'avoir accès à des créateurs "haut de gamme" en réinterprétant leurs succès et modèles fétiches tout en les produisant à des prix accessibles.

les modèles d'azzedine alaïa se font sur commande

Charles Gallay, détaillant de Los Angeles, ouvre en 1983 sa boutique Azzedine Alaïa sur Rodeo Drive, la principale artère commerçante de Beverly Hills à Los Angeles. C’est le seul magasin entièrement consacré à Azzedine Alaïa aux États-Unis.

carte postale, Alaïa chez gallay, rodeo drive, Beverly Hills

Il fonde sa Maison sous la marque « Alaïa » et présente son premier défilé à Paris, Printemps-Été 1983, rue de Bellechasse.

Son assistant Éric Sartori arrivé en 1980, travaillera quinze ans à ses côtés.

azzedine alaïa, éric sartori, rue de bellechasse ph. peter knapp

Il fait la même année d’importantes rencontres, des amis pour la vie : Franca Sozzani, la soeur de Carla, Farida Khelfa, mannequin que lui présente Jean-Paul Goude, les légendaires photographes de mode Peter Lindbergh, Sarah Moon et Paolo Roversi.

Pour la collection Été 1984, il fait défiler les filles dans la rue, l'atelier de la rue de Bellechasse étant devenu trop étroit.

azzedine alaïa et farida khelfa ph. richard dumas

1984

17 rue du parc-royal, miroirs par andrée putman ph. DR.

Alaïa s’installe dans un hôtel particulier au 17 rue du Parc-Royal, décoré par son amie designer Andrée Putman.

Linda Evangelista, Linda Spierings et Veronica Webb commencent à défiler pour lui.

Je suis resté en contact avec toutes les filles, elles sont devenues des amies.

AZZEDINE ALAÏA ET LINDA SPIERINGS, 1984. PH. Arthur Elgort

Linda Evangelista et azzedine Alaïa, ph. Sante D’Orazio

1985

dessin et décor réalisé par jean-paul Goude pour le défilé d'azzedine alaïa au palladium de New York

Il présente ses créations des trois dernières années au Palladium de New York, dans un décor conçu par Jean-Paul Goude, avec plus d’une cinquantaine de mannequins et plus de mille invités, parmi lesquels Andy Warhol, tous vêtus de noir à la demande de Monsieur Alaïa. L’évènement, sponsorisé par Barneys New York, a été ovationné par le public.

Le Ministère de la Culture Française honore Alaïa aux Oscars de la Mode avec deux prix, « Meilleure Collection Française » et « Meilleur Designer de l’Année ».

A LA CÉRÉMONIE À L’OPÉRA DE PARIS, ALAÏA ACCOMPAGNÉ PAR GRACE JONES QUI PORTE LA CÉLÈBRE ROBE « BANDAGES » . PH. PETER TURNLEY / CORBIS / VCG VIA GETTY IMAGES

L’exposition Fashion 1980-1985 : « Une journée avec Azzedine Alaïa » est présentée au CAPC, Musée d’Art Contemporain de Bordeaux, sous la direction artistique de Jean-Louis Froment. Les créations d’Alaïa sont présentées aux côtés des œuvres de l’artiste Dan Flavin. Jean-Louis Froment fut le premier à l’inviter dans un musée français. Une longue amitié nourrie d’admiration mutuelle réunit les deux hommes.

azzedine alaïa pendant LE DÉFILÉ AU CAPC, MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE BORDEAUX ph. DR.

Alaïa habille Grace Jones portera dans le film de John Glen, « James Bond : A View to a Kill ».

Pour la collection Printemps-Été 1985, il collabore avec César.

GRACE JONES portant un des COSTUMES CRÉÉS POUR LE FILM « JAMES BOND : A VIEW TO A KILL » ph. DR.

collection "impression compression", collaboration Azzedine alaïa et césar. mannequin: zuleika ponsen, 1985. ph. jacques dubussy

1986

AZZEDINE ALAÏA ET NAOMI CAMPBELL, NEW YORK, 1987. PHOTOGRAPHIÉS PAR ARTHUR ELGORT

Naomi Campbell fait ses débuts sur les podiums chez Azzedine Alaïa.

La collection Printemps-Été 1986 comprend des robes faites de «bandage » de jersey qui épousent le corps,  inspirées des momies de l’Égypte Antique.

Il devient un intime de Tina Turner et lui crée des costumes de scène originaux. Il rencontre Sophie Hicks, journaliste de mode.

Je suis fier d'avoir dans ma vie réussi à avoir des amis, des vrais. Le reste pas encore. 

AZZEDINE ALAÏA ET TINA TURNER, PHOTOGRAPHIÉS PAR PETER LINDBERGH

1987

Moi, je ne suis pas obnubilé par la possession : je suis là, dans ce lieu, à cette place, mais je ne suis qu'un occupant de passage…

Azzedine Alaïa fait l’acquisition d’un ensemble immobilier du 19ème siècle au numéro 18 de la rue de la Verrerie dans le quartier parisien du Marais. Il le fait restaurer, et y installe son appartement, son atelier et une boutique.

Il commence à présenter ses défilés dans la grande galerie sous verrière pendant que les travaux de restauration se terminent.

18 rue de la Verrerie PHoto par ARTHUR ELGORT

1988

Azzedine Alaïa et Julian Schnabel, à New York ph. DR.

Une première boutique Alaïa ouvre à New York. Les meubles de Julian Schnabel décorent le lieu. Les vêtements sont suspendus à des cimaises en bronze sculptées et une table sculpturale en bronze, porte les lettres "AA" comme un autel.

La collection Printemps-Été 1988 est présentée rue de la Verrerie au mois de mai, deux mois après les défilés des collections des autres designers. À partir de cette date il décide de défiler à son rythme et il sort du calendrier officiel de la mode.

Il  commence à travailler avec le styliste et directeur artistique Joe McKenna, qui devient un ami proche.

Produire, produire, produire, défiler et encore produire, ce n'est pas mon objectif, je n'ai ni le désir ni les équipes pour fonctionner de la sorte…Un styliste n'est pas une machine à créer.

Azzedine Alaïa et Joe McKenna, photographiés par Bruce Weber

Les mannequins les plus célèbres défilent pour lui : Naomi Campbell, Tatjana Patitz, Stephanie Seymour, Yasmin Le Bon, Christy Turlington, Farida Khelfa.

AZZEDINE ALAÏA ET FARIDA KHELFA, PHOTOGRAPHIÉS PAR JEAN-PAUL GOUDE

1989

Dans le drapeau français, j'ai confectionné la robe bleu-blanc-rouge de ce pays qui m'a accueilli si chaleureusement.

AZZEDINE ALAÏA, JESSYE NORMAN dans la robe tricolore ET JEAN-PAUL GOUDE ph. DR.

Pour le 200ème anniversaire de la Révolution Française, le Ministre de la Culture Jack Lang confie à Jean Paul Goude la direction de la grande parade du 14 juillet. Alaïa crée la robe tricolore de Jessye Norman qui entonnera la Marseillaise place de la Concorde.

La même année, Azzedine Alaïa est naturalisé Français et l'année suivante il emménage rue de Moussy.

 

1991

En 1991, Azzedine Alaïa fait de nouveau appel à son ami le peintre et sculpteur Julian Schnabel pour créer les meubles et le décor de la nouvelle boutique parisienne rue de Moussy. Certains accessoires dont cette table sculpturale en bronze proviennent de la boutique de New York fermée la même année.

rue de moussy, table réalisée par julian schnabel ph. DR.

Alaïa se lance dans une collaboration avec une enseigne très populaire, Tati. Il s’inspire du célèbre motif vichy rose de Tati pour créer une collection. Il propose un sac, un T-shirt, et une paire d’espadrilles. C’est la première fois qu’un couturier travaille en collaboration avec une marque de distribution de masse.

Je voulais que Tati reste Tati et ne perde pas son âme. 

Christy Turlington collection Tati,1991. Ph. Patrick Demarchelier et Carlyne Cerf de Dudzeele

La collection Automne/Hiver 1991 est un hommage aux imprimés léopard.

Collection Automne / Hiver 1991. Ph. Jean-Baptiste Mondino et Carlyne Cerf de Dudzeele

1992-1999

Avec les ceintures-corset, on se tient droite, on est obligée, on ne s'avachit pas. Ça souligne la taille, ça donne une attitude de femme forte.

COLLECTION PRINTEMPS-ETÉ 1992. PH. PROSPER ASSOULINE

La collection Printemps-Été 1992 est marquée par une première publication du travail du couturier, éditée par Prosper Assouline.

Hafida, sa soeur tant aimée, décède. Azzedine Alaïa s’éloigne un temps de la mode. Si le couturier ne défile plus, il continue de créer des vêtements Couture pour une clientèle privée et de vendre sa ligne de prêt-à-porter à quelques boutiques. Ce sont des années de recherche et d’expérimentation pour le couturier.

Il crée les costumes pour le ballet de Carolyn Carlson, "Vue d’ici, the View" présenté au Théâtre de la Ville à Paris. La robe « houppette » fait partie des costumes du ballet.

Les danseuses, elles, sont toujours en mouvement. Elles doivent être à l'aise, elles ont besoin de fluidité.

En 1996, le Palazzo Corsini présente à Florence sous la direction artistique de Carla Sozzani, la première rétrospective de Azzedine Alaïa.

À l’occasion de la Biennale de la Mode et de l’Art de Florence, une robe d’Azzedine Alaïa est exposée avec des tableaux de Julian Schnabel.

PALAZZO CORSINI, FLORENCE 1996. ph. ilvio gallo

AZZEDINE ALAÏA ET JULIAN SCHNABEL À LA BIENNALE DE la mode et de l'art de FLORENCE, 1996. ph. DR.

Suit en 1997 une exposition au Groninger Museum sous la direction artistique de Mark Wilson qui présente les modèles d’Alaïa avec des oeuvres de Basquiat, César, Pablo Picasso, Julian Schnabel et Andy Warhol.

EXPOSITION AU GRONINGER MUSEUM, tableau de Jean-Michel Basquiat, 1982. ph. Peter Tahl

En 1998, sous la direction artistique de Juan Gatti, publication de son livre d’images prises par ses amis photographes célèbres : Peter Lindbergh, Helmut Newton, Paolo Roversi et Bruce Weber. Michel Tournier offre un texte, Julian Schnabel dessine le A de la couverture.

En 1999, Carla Sozzani l’aide à relancer sa Maison, avec l’appui financier de Giuliano Coppini de Lineapiù, le filateur avec lequel il a développé au cours des années les fils les plus révolutionnaires.

carla sozzani et azzedine alaïa ph. Paolo Roversi

Azzedine Alaïa est nommé président d’honneur de l’Institut Mode Méditerranée sur une invitation de Maryline Vigouroux. Il collabore avec Olivier Saillard, directeur du Musée de la Mode de la ville de Marseille.

OLIVIER SAILLARD ET AZZEDINE ALAÏA ph. fondation azzedine alaïa

2000-2002

Carla Sozzani lui présente le groupe Prada qui investit dans la Maison Alaïa.

Alaïa expose ses créations au Guggenheim, Downtown New York, en regard des tableaux « Last Supper » d’Andy Warhol, sous la direction artistique de Mark Wilson.

EXPOSITION AU GUGGENHEIM, DOWNTOWN NEW YORK, TABLEAU DE ANDY WARHOL, 2000. ph. DR.

Alaïa redéfile, à l’occasion de sa collection Été-Hiver 2002 dans la boutique du 7 rue de Moussy.

Collection Été-Hiver 2002

2003

Il faut qu'il se passe quelque chose avec un vêtement, qu'il déclenche quelque chose.

COLLECTION HAUTE COUTURE 2003 ph. DR.

Il présente son premier défilé exclusivement Haute Couture, revisitant les pièces les plus iconiques de son oeuvre de mode.

 

2004

Il est important de ne pas se restreindre à la mode.

Azzedine Alaïa dans sa galerie Ph. Sylvie Delpech

Alaïa fonde la Galerie Azzedine Alaïa au 18 rue de la Verrerie. Il ouvre les portes de sa Maison où il expose les talents des domaines de l’art, de la mode, du design, de la photographie et de la littérature : World Press Photo, Paul Poiret, Shiro Kuramata, Pierre Paulin, Schiaparelli, Memphis Blues, Andrea Branzi, Sottsass, Bettina, Adonis, Kris Ruhs, Jean Nouvel et Claude Parent, Pierre Guyotat, Luigi Serafini, Entre l’Art et la Mode, la collection Carla Sozzani, Pascalejandro, Richard Wentworth.

2006

Il crée des meubles comme des sculptures.

boutique réalisée par marc newson ph. DR.

Marc Newson est sollicité par son ami Azzedine Alaïa pour concevoir l'annexe de sa boutique parisienne consacrée aux chaussures. Le designer a conçu un espace circulaire avec une façade en verre donnant sur la rue : l'espace minimal ne comporte que deux matériaux principaux.

2007

Il faut laisser une trace de son passage.

Azzedine Alaïa rachète sa société au Groupe Prada. Carla Sozzani lui présente le Groupe Richemont. La société Alaïa et ensuite la marque Alaïa deviendront partie du Groupe.

Azzedine Alaïa fonde avec Christoph von Weyhe et Carla Sozzani, l’Association Azzedine Alaïa pour protéger sa collection de mode, de design et d’art. Il choisit comme logo le A avec les deux points de Julian Schnabel.

A du logo de l'association azzedine alaïa peint par julian schnabel,1996

2011-2013

Sous la direction de son ami designer Mark Wilson, une exposition «Azzedine Alaïa au 21ème siècle» est présentée au Groninger Museum en décembre 2011 puis au Kunstpalast à Düsseldorf en 2013.

Exposition « Azzedine Alaïa au 21ème siècle » au Groninger Museum, 2011. Ph. Robert Kot

Il présente en juillet 2011 son deuxième défilé exclusivement Haute Couture, ovationné par le public.

Collection Haute Couture 2011. Ph. Ilvio Gallo

En 2013, Alaïa crée les costumes pour l’opéra de Mozart « Les Noces de Figaro », réalisé par Christopher Alden avec la Philharmonique de Los Angeles et une scénographie de Jean Nouvel.

Azzedine Alaïa et Jean Nouvel, Paris 2013

Après plusieurs années de fermeture et une campagne de rénovation, Le Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, consacre en 2013 à Azzedine Alaïa sa première exposition rétrospective à Paris, sous la direction artistique d’Olivier Saillard. C'est un véritable succès pour le musée, avec près de 130 000 visiteurs.

Tandis que le Musée d’Art Moderne accueille des créations iconiques du couturier dans la « Salle Matisse ».

Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris, 2013. Ph. Ilvio Gallo

Le Musée d'art moderne me prête aussi la salle Matisse en même temps que l'exposition de Galliera. Je crois que c'est la première fois qu'ils y montrent de la mode.

Azzedine Alaïa, Jean-Louis Froment, Musée d’Art Moderne « Salle Matisse », 2013

Peter Lindbergh, Paolo Roversi, Azzedine Alaïa, Jean-Baptiste Mondino, Gilles Bensimon, au Musée Galliera, Paris 2013

La même année la nouvelle boutique du couturier ouvre ses portes, rue de Marignan à quelques pas de l'avenue Montaigne. Décorée par des artistes et des grands noms du design. Parmi ces œuvres, des canapés serpentins et des tables « cathédrale » de Pierre Paulin, un lustre « descendant » du troisième au premier étage réalisé par Kris Ruhs, des étagères par Martin Szekely.

Boutique Alaïa, rue de Marignan ph. Dominique Maitre

2015-2017

L’exposition «Couture/Sculpture» est accueillie à Rome à la Galleria Borghese, sous la direction d’Anna Coliva et la direction artistique de Mark Wilson.

Galleria Borghese, Rome 2015. PH. ANDREA&VALENTINA

Joe McKenna réalise un film sur le travail et la vie d’Azzedine Alaïa.

Azzedine Alaïa dans son atelier, Paris, 2016

En juillet, Alaïa présente son troisième défilé exclusivement Haute Couture, la collection Hiver 2017. Naomi Campbell ouvre et clôture le défilé.

Naomi Campbell, Collection Haute Couture 2017. Ph. Ilvio Gallo

Fin octobre, présente la collection Été 2018.

Azzedine Alaïa s’éteint à Paris le 18 novembre. Il repose au cimetière de Sidi Bou Saïd.

Sarah Moon réalise un film sur le dernier défilé Couture de Azzedine Alaïa.

Azzedine Alaïa, extrait du film de Sarah Moon