18 rue de la verrerie
Quand j'ai visité ici, j'ai aimé ce côté industriel, j'ai foncé. Il y aura tout dedans, c'est une très grande surface mais ça va être occupé tout, tout. Azzedine Alaïa
azzedine alaïa ph. Gilles Decamps, 1989
En 1987, Azzedine Alaïa fait l’acquisition d’un îlot de bâtiments dans le quartier du Marais à Paris.
L’ensemble est constitué de vastes espaces qui vont de la rue de la Verrerie à la rue de Moussy. Dans ce qui fut jadis l’hôtel des évêques de Beauvais devenu au XIXe siècle un atelier industriel puis des entrepôts du Bazar de l’Hôtel de Ville, Azzedine Alaïa fera son lieu de travail et de vie.
La nouvelle acquisition immobilière d'Azzedine Alaïa. Jean Rouzot pour « Bains de minuit » © INA
Au cours de ces travaux sont mises au jour de grandes cartes géographiques de régions lointaines peintes à même le plâtre de la salle sous verrière édifiée selon les plans de l’architecte Harouard, vestiges d’une époque où le bâtiment accueillait à la fin du XIXe siècle une pension alimentaire. Cette pension était une œuvre sociale de Xavier-François Ruel, fondateur du grand magasin Bazar de l’Hôtel de Ville (1854) destinée à distribuer des repas aux familles les plus pauvres pour une somme modique.
Conduit par son infatigable curiosité, Azzedine Alaïa découvre aussi que Jeanne-Antoinette Poisson, qui deviendra la Marquise de Pompadour, favorite de Louis XV, avait reçu dans ces lieux la base de son éducation sociale et de ce que l’on appelait alors les arts d’agrément. Cet apprentissage permettra à la jeune femme d’entrer à la cour, bien qu’elle ne soit pas issue de l’aristocratie, pour y exercer grâce à son éducation et à sa beauté, une influence sans comparaison dans l’histoire des arts. La Marquise de Pompadour était pour Azzedine Alaïa une des grandes figures de l’histoire, la beauté d’une élégance assumée, la femme moderne. Toute sa vie, il fut fasciné par ce destin hors du commun d’une femme aux origines modestes. Elle était pour lui un incessant sujet d’inspiration et d’admiration.
La rénovation de l’immeuble durera plus de cinq ans.
En 1991, Azzedine Alaïa quitte son hôtel particulier de la rue du Parc Royal et s’installe au 18 rue de la Verrerie.
L’ensemble architectural abrite l’appartement et le studio de création d’Azzedine Alaïa, les ateliers, la boutique au 7 rue de Moussy, et « la cuisine » le lieu de tant d’échanges et de rencontres.
La collection printemps-été 1992 est la première qu’il conçoit dans ses nouveaux espaces. Elle est faite de références à la Marquise de Pompadour et à la Cour de Versailles, c’est aussi l’une des plus importantes et emblématiques du couturier.
Ses défilés, qui ne suivent pas le calendrier des semaines officielles de la mode, ont lieu sous la verrière.
Dans cette même salle, Azzedine Alaïa accueille aussi des expositions qui célèbrent les artistes qu’il admire : Paul Poiret, Shiro Kuramata, Pierre Paulin, Elsa Schiaparelli, Andrea Branzi, Ettore Sottsass, Bettina Graziani, Kris Ruhs, Jean Nouvel et Claude Parent, Pierre Guyotat, Alejandro Jodorowsky, Richard Wentworth.
Le 18 rue de la Verrerie rend aussi hommage aux artistes et designers en exposant certaines de leurs œuvres de façon permanente. On peut ainsi admirer le Sein de César qui trône dans la cour, et des meubles signés Le Corbusier, Jean Prouvé, Jean Royère, Serge Mouille, Harry Bertoia, Gino Sarfatti qui se côtoient dans la librairie et la cuisine. Les luminaires de Marc Newson ornent le plafond du futur musée et l’artiste Julian Schnabel veille avec ses peintures et ses portraits d’Azzedine Alaïa dans l’immeuble, en signe de leur forte amitié.
azzedine alaïa © jeaan-pierre couderc/roger-viollet