La collection design

Azzedine Alaïa nourrit aussi une grande affection pour le design et ornera toujours son environnement de vie et de travail de pièces décoratives, signées de designers renommés: Le Corbusier, Jean Royère, Marc Newson, Shiro Kuramata, Marius Sabino, Serge Mouille, Jean Prouvé, mais aussi d’amis artistes tels que César, Andrée Putman, Kris Ruhs, Pierre Paulin, Angelo Mangiarotti, Ettore Sottsass, Martin Szekely, les Bourellec et tant d’autres.

Premier à collectionner Prouvé, sa passion l’a poussé à acheter au début des années 2000 une station-service dessinée par Jean Prouvé et dont il fit sa chambre.

The service station designed by jean prouvé ph. Florianne de Lassée

J’avais des  meubles de Jean Prouvé dans ma  chambre de bonne rue Byron, Simone Zehrfuss me les avait donnés. Son mari a travaillé avec Prouvé, et elle possédait beaucoup de meubles de lui. J'avais le lit une place, la table, un fauteuil, et même la bibliothèque dite « Tunisie » ! En partant, je les ai laissés en pensant que ce n'était que du bois. Bien plus tard, au début des années 80, je vais me promener aux puces, où je ne mets jamais les pieds, je vois une table, et je crois que c'est la mienne! Et la bibliothèque aussi. Je me renseigne, c'était le galeriste Philippe Jousse, qui venait d'ouvrir. Je demande le prix à sa femme, et sa réponse me donne presque la migraine ! Je sors et je me dis : « Que Dieu me pardonne, quand je pense qu'avec mon innocence et ma bêtise j'ai cru que ces meubles ne valaient rien du tout ! » Alors je suis retourné dans la galerie, et ils m'ont fait un prix… Azzedine Alaïa

hôtel azzedine alaïa © fondation azzedine alaïa

l'œuvre d'azzedine alaïa

Vous devez laisser un signe dans votre vie, pendant que vous la traversez. Azzedine Alaïa

Azzedine Alaïa, robe bustier avec épingles, photographie de Jean-Baptiste Mondino

La Fondation a la mission de pérenniser l’œuvre et l’esprit d’Azzedine Alaïa par la conservation, l’entretien, l’archivage, la mise en valeur et l’exposition au public des vêtements, accessoires, croquis, modèles, dessins qui constituent la création d’Azzedine Alaïa.

Azzedine Alaïa, conservateur dans l’âme, a conservé tout son travail depuis ses débuts sous les voûtes historiques situées au-dessous des immeubles qui vont de la rue de la Verrerie à la rue de Moussy. C’était son antre secret où personne n’avait le droit d’entrer. D’environ 800 mètres carrés, avec des volumes de près de 4 mètres de hauteur, et des dizaines de piliers en briques rouges et poutrelles métalliques, ce lieu qui servit pendant un temps d’entrepôt au Bazar de l’Hôtel de Ville, soutient tout l’édifice : les salles d’exposition avec la grande verrière dont la façade sur cour surmontée d’un fronton est classée, l’atelier de Monsieur Alaïa et ses appartements.

Cet espace immense du 18 rue de la Verrerie a vu les allées et venues incessantes du couturier venu y déposer, année après année, ses collections. Il en est devenu la mémoire, le sanctuaire et restera le gardien de l’œuvre de toute une vie.

22.000 pièces de vêtements et accessoires, conservées conservées par Azzedine Alaia au fil des saisons qu’il sculpta pour sublimer la femme depuis les années 60.

Avec le soutien du groupe Richemont, la Fondation y entreprend en 2020 d’importants travaux pour le rendre conforme aux règles de conservation préventive définies par la Loi du 4 janvier 2002 relative aux Musées de France. L’endroit sera climatisé et pourvu de systèmes performants de détection de fuites et de sécurité incendie avec dispositif d’extinction.

  • avant les travaux ph. Andrea & Valentina

  • les travaux d'assainissement ph. Andrea & Valentina

Composé de trois espaces situés à des altimétries différentes et reliés par des escaliers dans un volume de 1000m², le projet articule la création d’archives dédiées à la collection personnelle du couturier Azzedine Alaïa. L’espace est compartimenté afin de réunir les conditions indispensables à l’archivage d’œuvres textiles. Des armoires mobiles de type «compactus» sont mises en œuvre dans le but d’abriter environ 15 000 pièces. Dans le cadre de cette réhabilitation, une attention particulière est accordée à la scénographie de ce lieu. L’ensemble permet la mise en valeur du plafond existant en voutains et briques pleines qui constitue un héritage bâti remarquable de la fin 19ème.

  • les travaux de rénovation et de réhabilitation ph. Sylvie Delpech

  • les travaux de rénovation et de réhabilitation ph. Sylvie Delpech

  • les travaux de rénovation et de réhabilitation ph. Sylvie Delpech

  • les travaux de rénovation et de réhabilitation ph. Sylvie Delpech

histoire de la mode

Depuis de nombreuses années, j’achète et je reçois les robes, les manteaux, les vestes qui témoignent de la grande histoire de la mode. C’est devenu chez moi une attitude corporative de les préserver… Azzedine Alaïa

Historien passionné, Azzedine Alaïa a collectionné tout le long de sa vie l’œuvre des grands maîtres de la mode. La Fondation a la mission de pérenniser l’exceptionnelle collection privée d’Azzedine Alaïa par la conservation, l’entretien, l’archivage, la mise en valeur et l’exposition au public des ses collections de vêtements, accessoires, croquis, modèles, dessins et photos.

Les archives de la collection d'Azzedine Alaïa, photographie Robert Polidori

  • azzedine alaïa montrant comment draper une robe de vionnet, galerie azzedine alaïa, 1990 ph. patricia canino

  • azzedine alaïa montrant comment draper une robe de vionnet, galerie azzedine alaïa, 1990 ph. patricia canino

  • azzedine alaïa montrant comment draper une robe de vionnet, galerie azzedine alaïa, 1990 ph. patricia canino

  • azzedine alaïa montrant comment draper une robe de vionnet, galerie azzedine alaïa, 1990 ph. patricia canino

  • azzedine alaïa montrant comment draper une robe de vionnet, galerie azzedine alaïa, 1990 ph. patricia canino

  • azzedine alaïa montrant comment draper une robe de vionnet, galerie azzedine alaïa, 1990 ph. patricia canino

  • azzedine alaïa montrant comment draper une robe de vionnet, galerie azzedine alaïa, 1990 ph. patricia canino

C’est la fermeture d’une grande de Maison de mode qui incitera Azzedine Alaïa à élargir le spectre de sa collection aux grands maîtres de la Couture. En effet, en 1968, quand Cristóbal Balenciaga décide de fermer sa maison, Mademoiselle Renée, restée plusieurs décennies au service du maître espagnol et inquiète du sort des robes, fait appel à Azzedine Alaïa pour lui proposer de choisir les modèles qu’il pourra retailler à sa guise. Impressionné par la maestria de Balenciaga dans la coupe des robes, manteaux et tailleurs qui se présentent à lui, il décide de les conserver en l’état toute sa vie. Ce patrimoine vulnérable qu’il sauve lui révèle, en parallèle de son propre travail créatif, sa vocation de collectionneur de mode.

« A quelques mois de sa disparition, Azzedine Alaïa racontait encore avec tendresse cet épisode fondateur d’une prise de conscience et de l’égard qu’il cultiva ensuite vis-à-vis de l’histoire de la mode. La suite ne fit que confirmer l’intérêt croissant et bientôt irraisonné qu’il entretint avec toutes les sources de mémoires de mode. Car indépendamment de ses moyens, modestes à ses débuts, plus confortables au fur et à mesure de ses succès, Alaïa devint vite un collectionneur avide de tout conserver. »
Olivier Saillard, historien de la mode, directeur de la Fondation

Depuis cette fin des années soixante, il cultive son intérêt pour les vêtements aux techniques certaines. Il se passionne pour la mode des années trente et cinquante. Par centaines, bientôt par milliers, Azzedine Alaïa s’entoure de robes de Paul Poiret, Madame Grès, Madeleine Vionnet, Gabrielle Chanel, Elsa Schiaparelli, et de Cristóbal Balenciaga toujours.

  • madame grès © DR

  • madame grès © DR

  • madame grès © DR

  • madame grès © DR

Il devient aussi un collectionneur majeur du travail d’Adrian, peu représenté dans les musées français. Il a en commun avec le couturier américain une cliente, Greta Garbo. La centaine de pièces de sa collection est une représentation fidèle de toutes les facettes du couturier hollywoodien.

  • Adrian, les années couture 1942-1952 ph. Andrea & VALENTINA

  • Adrian, les années couture 1942-1952 ph. Andrea & VALENTINA

  • Adrian, les années couture 1942-1952 ph. Andrea & VALENTINA

  • Adrian, les années couture 1942-1952 ph. Andrea & VALENTINA

Azzedine Alaïa était aussi un collectionneur altruiste : en 1987, sur une initiative de Maryline Vigouroux, l’épouse du maire d’alors, il accompagne et soutient la Ville de Marseille à se doter d’un musée de mode. Président d’honneur de l’institution Maison Mode Méditerranée, il fait une donation de 100 pièces Alaïa pour aider à constituer le patrimoine du jeune musée qu’il guidera, en véritable expert et fin connaisseur des ventes, dans ses projets d’acquisition avec des pièces de Mariano Fortuny, Elsa Schiaparelli, Madeleine Vionnet, etc.

Toute sa vie, ce collectionneur compulsif suivra avec assiduité les ventes aux enchères, surenchérissant parfois contre les musées de mode du monde entier pour obtenir les meilleures pièces. En 2005, Alaïa s’associe à une vente exceptionnelle organisée à Drouot : « La Création en liberté. Univers de Paul et Denise Poiret 1905-1928 ». Il va en effet accueillir, sous la verrière du 18 rue de la Verrerie, l’exposition de la vente constituée des robes que Paul Poiret avait créées spécialement pour son épouse Denise, conservées par leurs descendants. Bien sûr, il ne résistera pas à la tentation d’acquérir plusieurs pièces.

Il s’associera à une autre vente, organisée en juillet 2009 à Drouot : « Elsa Schiaparelli : Garde-robe de 1935 à 1950 » en présentant dans sa galerie une sélection des plus belles pièces en avant-première des enchères.

« A plus d’un égard, et plus souvent qu’à son tour, Alaïa vint sauver de l’oubli et de la perte les noms et les pièces vestimentaires les plus convoités aujourd’hui de la mode, grâce à lui demeurés sur le territoire français. Sans répit, le couturier additionnait les vestiges de velours à la recherche d’une technique à l’œuvre, celle qui façonne les grands destins et qui détermina le sien. » Olivier Saillard

  • Elsa Schiaparelli, galerie Azzedine Alaïa, 2009 ph. sylvie Delpech

  • Elsa Schiaparelli, galerie Azzedine Alaïa, 2009 ph. sylvie Delpech

  • Elsa Schiaparelli, galerie Azzedine Alaïa, 2009 ph. sylvie Delpech

  • Elsa Schiaparelli, galerie Azzedine Alaïa, 2009 ph. sylvie Delpech

Il regarde aussi avec attention le travail des couturiers de son temps, et acquiert, comme le ferait un conservateur de mode contemporaine avisé, les pièces les plus emblématiques de son époque avec des vêtements de Jean-Paul Gaultier, Rei Kawakubo, Martin Margiela, Yohji Yamamoto, Rick Owens, etc.

 

Je veux créer une fondation, et y mettre toutes mes archives. Je veux aussi faire des expositions. C’est important pour les jeunes, de voir comment certains des grands couturiers ont travaillé.

Tous les modèles choisis et voulus par Monsieur Alaïa témoignent de la passion du collectionneur et de l’amour qu’il nourrissait pour l’histoire de la mode. Cette prestigieuse collection des maîtres de la Couture assemblée et réunie tout au long de sa vie est digne des plus grands musées de mode.
Conscient de sa valeur inestimable et rare, Azzedine Alaïa a souhaité la transmettre à sa Fondation éponyme. Cette collection constitue aujourd’hui l’un des départements les plus importants des archives de la Fondation, aux côtés des créations d’Azzedine Alaïa.

la collection art et photographie

L’Art est venu en premier. Quand la mode me fatigue, avec les collections et les robes, je me tourne vers l’art et je m'apaise. Azzedine Alaïa

azzedine alaïa, rue de bellechasse, 1966 ph. Jean-pierre Ronzel

Sa première œuvre d’art majeure est une petite sculpture de tête copte, qu’il achète en 1963 dans un petit magasin. Il apprendra plus tard que cette statuette avait appartenu à la comtesse Greffulhe, qui inspira à Marcel Proust la figure de la Duchesse de Guermantes. Cette œuvre tel un talisman l’accompagnera toute sa vie.

Au cours de son existence  Azzedine Alaia a également collectionné des peintures, des objets d’art, et des œuvres d’amis artistes comme César ou Julian Schnabel.

La photographie a toujours eu une grande importance pour Azzedine Alaïa, depuis sa jeunesse en Tunisie. Ami des plus grands photographes de notre époque, il a fait appel pour les images de son livre  Azzedine Alaïa à Helmut Newton, Peter Lindbergh, Paolo Roversi, Jean Baptiste Mondino, Bruce Weber, Ellen von Unwerth, Martine Barrat. Lié d’amitié fraternelle avec Gilles Bensimon et Jean Paul Goude, il a aussi travaillé et collectionné les œuvres de Horst, Sarah Moon, Irving Penn…

vue de l'exposition "Entre l'art et la mode", collection carla sozzani

conservation

Quand je vois de beaux vêtements, je veux les garder, les préserver...les vêtements, comme l’architecture et l’art, reflètent une époque. Azzedine Alaïa

La Fondation a pour vocation la conservation, l’étude, l’inventaire numérisé et la promotion des collections. Elle gère aussi la rotation et la protection des œuvres exposées et assure la documentation détaillée de chaque œuvre grâce à une base de données informatisée.

La Fondation confie à une équipe d’archivistes professionnels la conservation préventive des collections dans leur entretien, leur restauration et leur stockage.

La Fondation a aussi pour rôle d’inventorier et de conserver un important fonds documentaire de dessins, de photographies et des patrons de l’œuvre d’Azzedine Alaïa ainsi que des dessins et photographies de maisons de couture, des livres d’échantillons de tissus du XIXeme siècle, des magazines de 1900 à nos jours.

La préparation de l'exposition à la galerie Borghese, rome, 2015 ph. said